Le bouchon du Darien: la dangereuse route qu’empruntent les migrants haïtiens dans leur périple vers les États-Unis
Beaucoup de personnes ont vu les extraits vidéos publiés par certains médias internationaux qui montraient les routes difficiles à travers lesquelles les migrants qui se rendent de l’Amérique du Sud vers les États-Unis voyagent. La première question qui m’est venue à l’esprit, c’est pourquoi ces personnes empruntent ces routes et ne voyagent pas en transport en commun. Une grande partie de la réponse réside dans cette large forêt qui se trouve entre le Panama et la Colombie qui se nomme la région du Darien.
La région du Darien est une zone marécageuse qui se trouve entre le Panama et la Colombie. Elle s’étend sur plus de 575,000 hectares et a une largeur de plus de 50 kilomètres de l’océan Pacifique à l’Atlantique. C’est une forêt dotée d’une couverture végétale dense, où les précipitations sont très fréquentes. De plus, la région est l’habitat de beaucoup d’espèces dangereuses de serpent, d’araignées aux piqûres mortelles et d’autres animaux.
La région, qui s’étend sur une longueur de presque 160 kilomètres (voir photo ci-dessous), sépare l’Amérique centrale de l’Amérique du Sud. Elle n’est desservie par aucune route. Une longue autoroute, l’autoroute Pan Am, relie les deux sous-continents. Cependant, l’autoroute Pan Am s’arrête à l’entrée du bouchon du Darien, dans la ville de Yaviza au Panama et reprend à sa sortie du côté de la Colombie, dans la ville de Turbo. Les seules traversées en voiture ou en motocyclette du Darien ont été effectuées par des expéditions longuement préparées. Par conséquent, les migrants qui veulent traverser le Darien doivent s’aventurer à travers ces marécages et ces montagnes pour espérer rentrer au Panama.
Source de la photo : Business Insider
Pas seulement des serpents, mais aussi des criminels
Les migrants qui traversent le Darien ne font pas seulement face à la menace des serpents et d’autres animaux dangereux. Ils doivent aussi se méfier des criminels qui fréquentent cette forêt. En effet, la région est longtemps connue pour la présence des cartels de drogues et des fractions militaires colombiens. Ainsi, les migrants qui s’y aventurent sont souvent victimes de vol, et même de viol.
Alors que le nombre de migrants qui s’y aventurent augmente, il s’est développé dans la région une sorte d’économie du passage. Des groupes de locaux qui connaissent ou qui prétendent connaître la forêt proposent aux migrants de les guider en échange de frais. Selon plusieurs journaux, ces passeurs travaillent des fois pour le compte de groupes armés.
La semaine dernière, un réalisateur américain a raconté au Washington Post comment il a failli laisser sa vie dans le bouchon du Darien. L’homme a décrit une situation où les hommes et femmes qui rentrent dans cette forêt avancent seulement avec l’instinct de survie, constamment hantés par la peur d’être attaqué par des bandits.
Implications
Les images de migrants haïtiens qui acceptent d’affronter de tels obstacles pour se rendre aux États-Unis sont terrifiantes. Un article du Washington Post y décrit des femmes qui se font violer et des corps de migrants qui meurent dans la forêt enterrer dans des fosses communes. C’est une situation qui doit interpeller la société haïtienne pour qu’elle force les dirigeants à mettre en place les politiques socio-économiques qui peuvent s’attaquer en amont aux causes qui poussent tant d’Haïtiens à se mettre en danger pour quitter leur pays.
Sources : Washington Post, Dangerous Roads